Page:Harvey - La Circulation du sang, trad. Richet, 1879.djvu/72

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ment la diastole ; à quel moment, en quelle partie, il y a dilatation ou constriction. Chez beaucoup d’animaux, en un clin d’œil, comme un éclair, le cœur apparaît, puis se dérobe aussitôt à la vue, en sorte que je croyais voir ici la systole, là la diastole, puis des mouvements tout opposés, partout la diversité et la confusion. Mon esprit flottait incertain : je ne savais ce que je devais penser, ce que je devais accepter de l’opinion des divers auteurs, et je ne m’étonnais pas de la comparaison d’Andreas Laurentius, qui dit que le mouvement du cœur nous est aussi inconnu que le flux et le reflux de l’Euripe à Aristote.

Enfin, en examinant chaque jour avec plus d’attention et de patience les mouvements du cœur chez les divers animaux vivants, j’ai réuni beaucoup d’observations, et j’ai pensé enfin avoir réussi à me dégager de ce labyrinthe inextricable et à connaître ce que je désirais savoir, le mouvement et les fonctions du cœur et des artères. Aussi je n’ai pas craint d’exposer mon opinion sur ce sujet, non seulement en particulier à mes amis, mais encore en public, dans mes leçons anatomiques.

Naturellement ma théorie a plu aux uns, a déplu aux autres ; ceux-ci m’attaquant vivement et me reprochant de m’écarter des préceptes et des doc trines de tous les anatomistes ; ceux-là affirmant que la doctrine nouvelle était digne de recherches plus approfondies, et demandant à ce qu’une explication plus détaillée leur en soit donnée. Mes amis me suppliaient de faire profiter tout le monde de mes re-