— Et alors ?
— Tiens, lis toi-même.
Il me tendit le journal du matin, qui portait ces mots : « Hier, vers dix heures du soir, Mlle X., prenant son bain seule, sur la plage de Berthier, s’est noyée à quelques pieds du rivage. »
Suivaient les détails de la tragédie, que l’on trouvait inexplicable.
Je fus trois semaines sans répondre à aucune invitation, sans donner aucun rendez-vous. Le cœur me faisait mal. La vie me donnait des nausées.
Un soir, je dus me rendre au bal du gouverneur, à la Citadelle. Ministres, sénateurs, députés, conseillers législatifs, juges, fonctionnaires, « professionnels », commerçants et industriels, défilèrent, jabotés et gantés de blanc, devant Leurs Excellences. Le gouverneur était un Anglais de race, à face étroite, une tête de lévrier russe. Il souriait dignement à cette foule, devant laquelle il s’efforçait, avec succès, de passer pour le plus démocrate des hommes. Sa fem-