Page:Harvey - Marcel Faure, roman, 1922.djvu/134

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mé des petites gens valut un gibet au sublime enfant de la race déicide.

Dès la seconde année de son entreprise, il avait ouvert des yeux épouvantés sur la meute qui l’entourait. Des compatriotes influents et riches, même ses propres associés, le guettaient déjà comme une proie. Tous les mauvais appétits aboyaient autour de sa personne. Ceux auxquels son autorité et son influence portaient ombrage se coalisèrent contre lui. Voir ce géant couché de tout son long, dévorer son cadavre, déchirer sa chair et boire son sang, quelles délices ! Ainsi font les chiens-loups dans les déserts de neige de l’Alaska. Le maître les nourrit trois fois le jour, sans cesse attentif à leurs besoins et se faisant souvent le médecin de leurs maux. Un jour, il trébuche dans les glaces. Il va se relever, quand il sent vingt mâchoires se fermer sur ses os.

La troisième assemblée annuelle de la Compagnie allait se tenir en janvier. On conspirait contre lui. À ce moment solennel où les chefs de Valmont allaient être élus, les chiens-loups avaient soif de l’ostracisme d’Aristide. Ils travaillèrent deux mois durant à influencer le vote des actionnaires et à amener une nouvelle composition de la direction. Marcel vint à deux doigts de sa chute.