Page:Harvey - Marcel Faure, roman, 1922.djvu/151

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et les arts deviennent nécessairement l’apanage du grand nombre ; les grandes institutions se multiplient bref, on achète la civilisation.

— Vous pensez que vous pouvez changer les Latins en Saxons. Jamais ! Jamais !… Nous sommes aux antipodes. Eux, qu’adorent-ils, après tout ? la chair, le métal, le cinéma. Nous, nous respectons la hiérarchie des facultés ; l’éducation qu’on nous donne, dans nos collèges, est la seule qui puisse convenir à notre tempérament, la seule aussi qui produise des prêtres dignes de Dieu et de son Église. Que feront de votre système les ministres du culte ? Ils y perdront leur latin, comme on dit. Et puis, en risquant de tarir la source des vocations sacerdotales, vous aurez la terrible responsabilité d’avoir suscité des résistances à l’appel divin.

— Et pourquoi l’esprit pratique serait-il contraire à l’idéal sacerdotal ? Le jeune prêtre qui prend charge d’une cure ne devrait-il pas être à la fois apôtre et homme d’affaires ? L’administration matérielle de l’Église ne demande-t-elle pas des compétences ?

Brégent se sentait effondré. Une clarté douloureuse, qu’il repoussait de toutes ses forces, le pénétrait malgré lui. De peur d’un aveu de défaite, il eut un sursaut d’orgueil blessé. « En venant à Valmont, Faure, dit-il, vous n’a-