Page:Harvey - Marcel Faure, roman, 1922.djvu/157

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— Vous rappelez-vous cette fin de soirée, dit-elle, où, dans l’un des couloirs du Château, vous me dites : « Adieu ! » ?

— Vous me répondîtes : « Non, pas adieu ! Au revoir ! » Vous étiez prophète.

— Et vous ne songiez plus à moi ?

— J’ai pensé à vous… souvent. J’avais oublié bien des femmes, mais pas vous, et, en cet instant, vous ranimez en moi l’image splendide qui, il y a dix ans, se coulait dans mon cerveau comme un bronze dans son moule… Vous n’avez pas vieilli… Vingt ans ! comme alors.

Ils étaient à la portière de la limousine qui les attendait. Il lui toucha le bras pour l’aider à gravir le marche-pied, et il fut alarmé de se sentir ému. De la gare à la maison spécialement préparée pour l’actrice, ils causèrent peu. À la vue des paysages fuyants que dévidait la course de l’auto, Germaine s’exclamait : « Que c’est gai ! Que c’est gai ! » Et ses prunelles exultaient.

Ils descendirent devant un cottage vert dont les contours gracieux, les pignons et les lucarnes pointus, couverts de neige, semblaient vouloir abriter des intimités douces et des tendresses recueillies. Ils entrèrent dans un passage clair donnant, à droite, sur un livoir