Page:Harvey - Marcel Faure, roman, 1922.djvu/176

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à baver des injures : « Tu ne m’entraîneras pas dans cette saleté, bourgeois ! Tu veux faire la traite des blanches avec moi !… J’en ai assez de toi !… Sais-tu au moins ce qu’est Marcel Faure ? Un homme, celui-là, une intelligence, un cœur !… Dans tout ce que tu me proposes, il n’y a qu’une chose qui me sourit : devenir son amie et l’aimer autant que je t’ai haï. Je ne le trahirai pas. La trahison et l’hypocrisie, garde ça pour toi : ça t’appartient, ça pousse sur toi comme des champignons. »

Didier l’écoutait froidement, sans broncher. Ce phlegme l’exaspéra. Elle fit pleuvoir sur lui une bordée d’injures. Il finit par lui dire : « Ce que c’est qu’une femme ! Je lui offre de l’argent et elle me flanque des insultes. Soit ! Va-t’en ! J’en enverrai une autre. »

Germaine sortit tout frémissante.

Le tribun avait prévu cette scène. C’est pourquoi il avait reçu la douche sans s’émouvoir. Il connaissait assez sa maîtresse pour être certain qu’elle reviendrait de sa crise dès que son « bon sens pratique » renaîtrait.

Germaine était très surexcitée, quand elle rentra chez elle. Le calme ne lui vint qu’au bout de quelques heures. Elle repassa les détails de la scène ; sa mémoire lui rendit une à une les paroles du tentateur. Elle s’arrêta sur-