Page:Harvey - Marcel Faure, roman, 1922.djvu/181

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valent pas un demi-siècle de froids et sanglants succès. L’amour blesse parfois, mais il y a de ces blessures délicieuses qu’une éternité ne saurait cicatriser. Je vais garder dans ma chair, impérissable, la caresse de tes grands yeux et le frôlement de ton épaule. J’ai senti que tu m’aimais dès la première minute. Ma vie cherchait déjà l’être nouveau qu’elle voulait étreindre, et tu es venue. Tu m’as tendu tes lèvres et ton cœur ; tu as eu des sourires pleins de promesses. Toute ta beauté, les charmes de ton visage et la perfection de ton corps, tes sensibilités affolantes, tes pensées blanches comme des ailes de colombe, tu m’as donné tout cela, tu as laissé tomber sur mon épaule ta tête parfumée, tu as permis à ma lèvre de toucher à ta nuque. Oui, oui, nous irons très loin, tous deux, oublier dans un amour très grand les cruautés de l’existence. De beaux rêves se sont couchés dans mon être qui ne se réveilleront plus ; mais je sens en moi l’irrésistible travail de la vie ; tous mes désirs s’élancent vers un autre idéal. Je t’adore !

Marcel, cet homme de pensée et de réflexion, ne pensait plus, ne réfléchissait plus. Il avait parlé à Germaine les yeux dans les yeux, puis quand le silence se fut rétabli, il ressentit un grand froid dans son être, une frayeur qui