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MARCEL FAURE

— Tu n’es qu’une courtisane et une comédienne !

— Marcel, reprit l’actrice en se redressant, laisse-moi te dire un mot, le dernier. Ne me dis plus d’injures. Je vais m’en aller… Tu ne me reverras plus… Quand je suis venue vers toi, il y a deux mois, je n’étais pas ce que je suis aujourd’hui. Il me faisait plaisir de venir dominer un homme tel que toi. Te dominer, parce que tu étais grand et fort, c’était ma seule ambition. Je t’admirais, je ne t’aimais pas. Aujourd’hui…

— Assez, s’il vous plaît. Je suis venu ici en homme d’affaires, non en don Juan. Répondez à ma proposition, ne vous perdez pas en effets de scène.

— Non ! Non ! Avant de répondre, je dirai tout. Je te jure que je suis sincère. Marcel, je t’ai aimé dès le premier jour. Jamais sentiment si profond ne m’avait prise. Depuis, tu as été ma seule pensée, la seule occupation de ma vie. J’oubliais même le théâtre, où est pourtant mon avenir ; je ne répondais plus aux lettres que je recevais. J’étais à toi, rien qu’à toi, je te le jure ! Et il me semblait que je devenais meilleure… Maintenant…, c’est fini,… tu ne me croiras plus… Adieu !… » Elle se voila la face. Elle pleurait. Elle ajouta :