Page:Harvey - Marcel Faure, roman, 1922.djvu/221

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l’illusion d’un amour vrai et lui faire oublier un instant la beauté modeste et pénétrante de Claire. Marcel disséquait ses sensations avec netteté, et, de les voir si clairement, il entrevoyait des bonheurs qu’il n’avait jamais soupçonnés. Il était content de savoir qu’il ne suffit pas, pour être ferme dans la poursuite d’une grande idée, de multiplier les monuments de bienfaisance et de répandre le bien-être dans les masses. Tout cela, c’est l’extériorisation de l’être. Les satisfactions qui en naissent sont incomplètes. Il faut à l’homme quelque chose de plus rapproché, de plus soi-même, deux âmes poussées l’une vers l’autre pour les fusions suprêmes.

Le train entra dans Montréal à huit heures du soir. Dès que Marcel fut sur le quai de la gare, il courut à l’hôtel le plus rapproché, espérant que le nom de Claire fût inscrit dans le registre. Il n’y trouva rien qui pût le guider.

Les bureaux étant fermés depuis deux heures, force lui fut d’attendre au lendemain pour continuer la chasse.

Levé de grand matin, il chercha obstinément pendant douze heures. Dans les bureaux qu’il visita, on lui signala plusieurs jeunes filles dont la description correspondait à la fugitive. L’un des employés lui demanda :