Page:Harvey - Marcel Faure, roman, 1922.djvu/225

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ses bruissant dans l’air dolent et spiritualisé dont les mille doigts invisibles et lascifs touchent les chevelures soyeuses des arbres et des brunes paysannes ! Asile des orgies rêveuses et charnelles où les hommes et les femmes s’attendrissent à la vue des fleurs ivres de soleil, aux gammes alanguies des oiseaux, à la plainte voluptueuse des insectes pâmés ! Sentiers moelleux et humides, que l’on aime à parcourir, las de trop vivre, de trop sentir, de trop aimer, où l’on s’attarde à savourer la pression des doigts enlacés, dans la moiteur de l’ombre des branches criblée de rayons qui ressemblent à des barres d’argent volatilisé ! Marguerites blanches à cœur d’or, petites étoiles immaculées détachées des cieux nocturnes et épinglées sur la terre par les mains d’une Vénus immortelle ! Verdure mélancolique des sapins sombres d’où s’exhale un arôme qui fait mieux aimer ! Nénuphars et lys sauvages, ceinture de la coquetterie des ondes douces et inassouvies des tendresses de l’air et de la terre ! Romances des vierges champêtres égrenant sur la glèbe chaude les espoirs, les souffrances et les amours des humbles, faisant monter vers l’aube la poésie sublime des besognes abscondes et surhumaines !

C’est dans ce décor pacifique, au bord du