Page:Harvey - Marcel Faure, roman, 1922.djvu/65

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ment on peut forger l’indépendance d’une race.

« Tu vas croire que je rêve, que je fais du somnambulisme. Mais je suis bien éveillé. J’ai passé tout le reste de la nuit à songer à mon affaire, l’affaire de ma vie !

« Dès le printemps, nous quittons Québec. Nous irons faire du bien sur cette terre désolée. Je vends les affaires de mon père, qui me rapporteront un million de dollars ; je m’associe quelques hommes d’initiative et je fonde là-bas, une grande industrie. Qu’en dis-tu ?

— Je crois en toi, car tu as du génie. Les affaires, ça te regarde, moi je n’y vois goutte. Quant à l’idée de faire quelque chose de grand, de pas banal, de rendre les hommes heureux par le travail, je la comprends et la fais mienne.

Marcel embrassa Claire longuement. « Depuis que tu m’as parlé de ma mère, dit-il, il me semble qu’elle est encore toute vivante dans ta chair. C’est pourquoi, je t’aime plus qu’on aime une sœur, et je regrette qu’il ne se trouve pas, sur mon chemin, une femme que je puisse adorer autant que je t’adore ! »