Page:Harvey - Marcel Faure, roman, 1922.djvu/82

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votre présence pour être préservé de la tache originelle.

— La tache, si tache il y a, répondit Claire, sera mignonne, toute mignonne, un grain de beauté ! Elle sortit à pas légers.

— Cette femme, dit Marcel, a acquis un tel ascendant sur mes ouvriers, qu’il suffit de son nom prononcé pour ramener les récalcitrants à la raison. L’an dernier, un chef d’équipe, mécontent d’un ordre que lui avait enjoint un contremaître, voulut brusquement quitter le service et entraîner avec lui douze de nos meilleurs hommes. Avertie à temps, ma sœur fit irruption au milieu d’eux juste au moment de leur complot. Ils la regardèrent étonnés. Elle leur sourit : « Eh ! bien, qu’y a-t-il ? Bonjour Georges ! Et toi, l’ami Jacques, toujours bon travailleur, toujours joyeux ? Et vous autres… Mais qu’avez-vous ?… Vous me regardez sans rien dire. Ce n’est pas gentil. »

« Décontenancés, les mauvaises têtes avouent, et leur projet se dissout dans un sourire.

« Une autre fois, ce fut plus grave. Trois émissaires d’un syndicat ouvrier s’étaient faufilés dans nos grandes forges. Au bout de quinze jours, ils avaient réussi à gagner la moitié du personnel de cet atelier. Ils se démasquèrent soudain et sommèrent le surin-