Page:Harvey - Marcel Faure, roman, 1922.djvu/98

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nifestations de l’activité marchande. Bientôt, un immeuble gigantesque attire la vue de Félix. Sur la façade, il lit : « L’Universel ».

— Voici, dit Marcel, le plus grand magasin à rayons de la région du bas-Québec. J’ai fait réfléchir dans le commerce l’image de mon industrie. Grâce à une réclame habile, nous avons gagné toute la clientèle de la rive sud du Saint-Laurent, jusqu’en Gaspésie et en Nouvelle-Écosse. Nous avons organisé un service de commandes par la malle, et, par la promptitude de nos livraisons, nous avons atténué la fascination des encyclopédiques catalogues de Chicago, Détroit et même Toronto. Garder chez nous l’argent de chez nous ! Telle doit être la devise du commerce canadien-français.

En s’éloignant de L’Universel, ils avaient gravi la colline au sommet de laquelle s’élevait une vaste église en pierre de taille. De cette hauteur, le regard plonge sur le Saint-Laurent parsemé de carapaces d’îles. Au nord, les Laurentides hérissent leurs rotondités bleues et sombres. Grands monstres allongés au bord du fleuve, elles présentent aux nuages potelés de lait leurs mamelles d’azur. Sur l’eau verte, glissent des goélettes aux voiles déployées et bombées comme des jabots de cérémonie.