Page:Hasek-Le brave soldat chveik,1948.djvu/13

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eu juste le temps de lui faire deux gosses qu’il a péri en se noyant à la pêche annuelle d’un étang. Avec ses huit gosses elle a trouvé encore un châtreur de Vodnanay, avec lequel elle a convolé en justes noces. Une nuit, son cinquième lui a ouvert le crâne avec une hache et est allé se dénoncer tout seul aux autorités. Et, le jour où on l’a pendu, il a arraché, en le mordant avec une force extraordinaire, le nez du prêtre qui l’accompagnait à l’échafaud, et il a déclaré qu’il ne regretterait rien de rien, et il a dit encore une chose bien vilaine sur le compte de notre Empereur.

— Et cette chose-là, vous ne savez pas ce que c’était ? interrogea Bretschneider d’une voix tremblante d’espoir.

— Ça, je ne peux pas vous le dire, parce que personne n’a jamais osé le répéter. Mais il faut croire que c’était quelque chose d’épouvantable et d’effroyable, parce qu’un conseiller de la Cour, qui l’a entendu, est devenu fou, et on le tient encore aujourd’hui au secret, pour étouffer l’affaire. Ce n’était pas seulement un outrage de lèse-majesté ordinaire comme on en lâche quand on est soûl.

— Et quels sont les outrages de lèse-majesté qu’on fait quand on a bu ? questionna Bretschneider.

— Je vous en prie, Messieurs, changeons de conversation, s’il vous plaît, intervint Palivec ; je n’aime pas ça, vous savez. Les boniments, on les regrette quand il est trop tard.

— Quels sont les outrages de lèse-majesté qu’on lâche quand on est soûl ? répéta Chvéïk. Soûlez-vous, faites-vous jouer l’hymne autrichien et