Aller au contenu

Page:Hasek-Le brave soldat chveik,1948.djvu/208

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

pour les danseurs la défense de toucher n’existe pas.

— Et par les pieds ?

— Quand on traîne exprès une patte pour apitoyer les gens.

— Et par les narines ?

— Quand on ne peut pas sentir son prochain.

— Par la bouche, Chvéïk ?

— Quand on a une si grande faim qu’on mangerait le nez du voisin, ou bien quand on rase par des bêtises les gens qui sont assez idiots pour vous écouter, ce qui est en même temps un péché à la charge des oreilles.

Après s’être livré à ces considérations philosophiques, le feldkurat se tut. Il n’interrompit le silence qu’après un moment.

— Il nous faut donc de l’huile bénite, dit-il. Voilà dix couronnes, vous en achèterez une petite bouteille. Évidemment, il vaudrait mieux pouvoir la prendre à l’Intendance militaire, mais je ne crois pas qu’ils tiennent cet article.

Chvéïk s’en alla à la recherche de l’huile bénite. Il put se rendre compte qu’elle était encore plus difficile à trouver que cette eau vive que poursuivent à travers tant de difficultés les personnages de Bozena Nemcova.

Tout d’abord, Chvéïk fit quelques droguistes. Mais à peine ouvrait-il la bouche pour demander si on avait « de l’huile bénite par l’évêque », que les commis se fichaient à rire ou disparaissaient derrière le comptoir. C’est en vain que Chvéïk gardait son air le plus sérieux.

Il décida alors de voir s’il aurait plus de chance auprès des pharmaciens. Le premier le fit mettre à la porte par le garçon de laboratoire. Le second téléphona