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Page:Hasek-Le brave soldat chveik,1948.djvu/225

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toi, interrompit le caporal, et il vaut mieux que tu voies à balayer proprement la chambre, c’est ton tour aujourd’hui. Ces blagues de taches solaires, on s’en fout, c’est pas encore elles qui nous feront sortir de ce fourbi-là. Tu peux être tranquille.

— C’est pas une blague, ces taches solaires, déclara Chvéïk ; une fois j’ai vu une tache comme ça, et le soir même j’ai été rossé chez le bistro Banzett à Nuise. Depuis ce temps-là, chaque fois que j’ai eu l’intention d’aller quelque part, j’ai consulté le soleil pour voir s’il n’avait pas de taches. Et quand il en avait, alors, adieu les gars ! je suis toujours resté chez moi. C’est grâce à ça que je vis encore. Vous vous rappelez aussi ce volcan, le Mont Pelé, qui a complètement détruit l’île de la Martinique. Eh ! bien, il y a eu un professeur qui avant l’éruption de ce volcan avait écrit un article dans La Politique Nationale où il annonçait qu’il y avait une grosse tache au soleil et qu’un malheur allait se produire bientôt. Mais voilà, La Politique Nationale n’est pas arrivée à temps dans cette île, les gens n’ont pas été prévenus et ils ont dû trinquer parce que, la poste, c’est une pétaudière.

Au bureau, où il discutait encore les frais de son déplacement, le feldkurat rencontra une déléguée de l’« Association des dames nobles pour l’éducation religieuse du soldat », vieux tableau hideux et repoussant, qui tous les matins venait distribuer aux malades et aux blessés des images de sainteté que ceux-ci s’empressaient de jeter aussitôt dans les crachoirs.

Elle exhortait les soldats à se repentir sincèrement de leurs péchés et à devenir meilleurs, pour que