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Page:Hasek-Le brave soldat chveik,1948.djvu/274

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sur le lavabo quatre coupures de cent couronnes et le mot suivant :

« Monsieur,

« Vous n’avez pas pris mon parti devant mon mari, ce triple idiot. Vous lui avez permis de m’enlever de chez vous comme on enlève un objet oublié. Vous ne vous êtes pas gêné pour faire observer à mon crétin de mari que vous m’avez offert l’hospitalité dans votre agréable foyer. J’espère que les frais que je vous ai occasionnés ne dépassent pas les quatre cents couronnes ci-jointes, et que je vous prie de partager avec votre ordonnance. »

Le lieutenant Lucas réfléchit un moment et prit ensuite le parti de déchirer le poulet en petits morceaux. Il considéra en souriant l’argent qui traînait sur le lavabo et, constatant que l’amoureuse frustrée avait oublié son peigne, prit cet objet et le joignit à sa collection de reliques.

Chvéïk ne rentra que dans l’après-midi, ayant passé son temps à chercher le griffon d’écurie.

— Vous avez de la chance, Chvéïk, vous savez, lui dit le lieutenant. Cette dame qui a logé chez nous, est déjà partie. Son mari l’a emmenée. Et en récompense de tous les services que vous lui avez rendus, elle a laissé quatre cents couronnes pour vous sur le lavabo. Il est nécessaire de la remercier ou plutôt son mari, parce que cet argent est naturellement à lui, elle le lui avait flibusté pour pouvoir se mettre en route. Je vais vous dicter la lettre.

Et il dicta :