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Page:Hasek-Le brave soldat chveik,1948.djvu/288

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de ne pas passer avec le clebs par la place Havlicek. Ça pourrait mal tourner. Au cas où tu aurais encore besoin d’un clebs, tu as mon adresse.

Chvéïk ne dérangea pas Max dans son sommeil. Il descendit acheter un quart de foie, le fit bouillir et, en plaçant un morceau près du museau de Max, attendit son réveil.

Chvéïk avait bien prévu. En se réveillant, Max se pourlécha les babines, s’étira, flaira le foie et l’avala goulûment. Ensuite, il s’approcha de la porte et aboya de nouveau trois fois.

Chvéïk l’appela :

— Max, veux-tu venir ici !

Le chien obéit. Chvéïk le prit, l’assit sur ses genoux et le caressa. En signe d’amitié, Max frétilla d’abord de sa queue coupée, puis happa délicatement la main de Chvéïk, la tint dans sa gueule et considéra d’un regard intelligent l’auteur de ses maux, ayant l’air de penser : « Il n’y a rien à faire, je ne sais que trop que je suis fichu ».

Chvéïk continuait à le caresser, en lui racontant d’une voix tendre un « conte de fées » comme à un petit enfant :

— Il y avait une fois un petit chien qui s’appelait Lux et vivait chez un colonel. Le colonel avait une servante qui, tous les jours, conduisait Lux promener. Une fois, il est venu un monsieur qui a volé Lux dans la rue. Lux a eu un nouveau maître, un lieutenant. On lui a donné aussi un autre nom et on l’a appelé Max.

Chvéïk ajouta :

— Max, donne la patte. Tu vois, grosse bête, qu’on sera bons camarades, si tu es toujours gentil