Page:Hasek-Le brave soldat chveik,1948.djvu/38

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qui était allé se mettre au vert dans le bois de Lany, parce qu’il s’embêtait trop au Parlement. Et voilà ! c’est pourquoi je dis toujours que les hommes sont tous fautifs, que tout le monde peut se tromper, qu’on soit savant ou ignare, un as ou une andouille. Les ministres eux-mêmes se trompent.

La commission de médecins-légistes qui devait statuer sur la capacité mentale de Chvéïk et constater s’il était oui ou non responsable des crimes qui faisaient l’objet de l’accusation, comprenait trois messieurs très sérieux qui professaient en toute chose des opinions diamétralement opposées.

À eux trois, ils représentaient trois écoles scientifiques et trois courants de la science psychiatrique.

Si, pour le cas Chvéïk, ils purent tomber complètement d’accord, ce fut grâce à l’impression renversante que Chvéïk avait produite sur eux trois à son entrée dans la salle. Apercevant un portrait de S. M. autrichienne, qui ornait le mur, Chvéïk n’hésita pas à crier de toutes ses forces : « Messieurs, vive l’Empereur François-Joseph Ier ! »

Pour eux, la phrase en disait long. Cette manifestation spontanée leur épargnait toute une série de questions. Il n’en restait plus que quelques-unes, indispensables celles-là, que recommandaient les systèmes du docteur Kallerson, du docteur Heveroch et de l’Anglais Weiking.

— Le radium est-il plus lourd que le plomb ?

À cette première question Chvéïk répondit avec son sourire habituel :

— Je ne sais pas, je ne l’ai jamais pesé, fit-il.