Page:Hasek-Le brave soldat chveik,1948.djvu/45

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avait fait encore quand il eut fini « ses petits et ses gros besoins ». Je ne citerai que la phrase dont Chvéïk accompagne toujours le souvenir de cette scène, désormais inoubliable pour lui :

— Et pendant ce temps-là, l’un des infirmiers me tenait dans ses bras !

Cette petite excursion finie, on le recoucha et on le pria de nouveau de se rendormir. Chvéïk obéit et, quand il fut endormi, on le réveilla pour le conduire dans la chambre voisine où siégeait la commission. Tout nu devant les médecins, Chvéïk se rappela l’heure mémorable dans sa vie où il avait comparu pour la première fois devant la commission de recrutement ; ses lèvres prononcèrent d’une voix presque imperceptible :

Tauglich ![1]

— Qu’est-ce que vous dites ? questionna l’un des médecins. Faites cinq pas en avant et cinq pas en arrière !

Chvéïk en fit le double.

— Je vous ai pourtant dit d’en faire cinq seulement !

— Je n’en suis pas à quelques pas près, répondit Chvéïk. Pour moi ça n’a aucune importance.

Les médecins l’invitèrent à prendre un siège, et l’un deux se mit à lui frapper sur un genou. Ensuite, il dit à son collègue que l’action réflexe ne laissait rien à désirer. L’autre hocha la tête et percuta à son tour le genou de Chvéïk, tandis que son collègue lui soulevait les paupières et examinait la pupille. Tous deux retournèrent ensuite à leur table et conférèrent en latin.

— Écoutez, est-ce que vous savez chanter ? demanda

  1. Bon pour le service.