Page:Hasek-Le brave soldat chveik,1948.djvu/5

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

qu’on aura même le tzar et la tzarine, et il se peut aussi, puisque la série est commencée par son oncle, que notre empereur y passe bientôt… Il a beaucoup d’ennemis, vous savez, notre vieux père, beaucoup plus encore que ce Ferdinand. C’est comme disait l’autre jour un monsieur au restaurant ! le temps viendra où tous ces monarques claqueront l’un après l’autre, et même le Procureur général n’y pourra rien. La douloureuse venue, ce monsieur dont je vous parle n’avait pas de quoi régler, et le propriétaire a dû appeler un agent. Le monsieur a accueilli cette décision en allongeant une gifle au patron et deux à l’agent et on l’a amené en panier à salade où vous savez. Vrai, M’ame Muller, il s’en passe des choses à c’te heure ! Et l’Autriche ne fait qu’y perdre. Quand je faisais mon temps, un fantassin a tué un capitaine. N’est-ce pas, le pauvre bougre charge son fusil et s’en va au bureau. Là, on l’envoie promener, mais il insiste qu’il veut parler au capitaine. Finalement, le capitaine sort du bureau et colle au copain quatre jours de consigne. À partir de ce moment, ça allait tout seul : le copain va chercher son fusil et envoie une balle directement dans le cœur du capitaine. Elle lui sort par le dos et fait encore des dégâts au bureau. Elle casse une bouteille d’encre et tache les paperasses.

— Et ce soldat, qu’est-ce qu’il est devenu ? questionna Mme  Muller pendant que Chvéïk s’habillait.

— Il s’est pendu avec une paire de bretelles, répondit Chvéïk en époussetant son chapeau melon. Avec des bretelles qui n’étaient pas à lui, s’il vous plaît ! Il avait dû les emprunter au gardien-