Page:Hasek-Le brave soldat chveik,1948.djvu/74

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fini, elle alla retrouver Chvéïk à la cuisine et dit les larmes aux yeux :

— Faut que j’vous dise, M’sieur le patron, que les deux chiots que vous aviez dans la cour y ont crevé. Et le Saint-Bernard s’est sauvé quand la perquisition a eu lieu ici.

— Jésus-Marie, s’écria Chvéïk, ça va mal finir avec c’te pauvre bête-là ! La police va le chercher partout !

— Il a mordu M’sieur le commissaire qui, pendant, la perquisition, l’a tiré de dessous le lit, reprit Mme  Muller. D’abord, un de ces messieurs avait dit qu’il y avait quelqu’un sous le lit et avait crié : « Au nom de la loi, sortez ! » Comme personne ne répondait et que rien bougeait, le commissaire s’est penché et a sorti le pauvre chien. Vous ne pouvez pas vous figurer quelle vie il a faite alors. J’ai cru qu’il allait avaler tout le monde ! Puis, il s’est sauvé et n’est plus revenu à la maison. Vous savez que, moi, ils m’ont fait passer aussi à une « interrogation ». Ils m’ont demandé qui venait chez nous, si nous recevions souvent de l’argent de l’étranger, puis ils ont eu l’air de dire que j’étais bête parce que j’avais dit que vous ne receviez pas souvent de l’argent de l’étranger, que vous aviez seulement reçu de Brno, il y a quelques jours, une avance de 60 couronnes de la part de cet instituteur, vous savez bien, qui avait demandé un chat angora et que vous lui avez envoyé un chiot de fox-terrier aveugle, dans une boîte à dattes. Après ils ont été gentils avec moi, et ils m’ont conseillé de prendre comme sous-locataire, histoire de ne pas être seule dans la maison, l’individu que vous venez de mettre à la porte…