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Page:Hatin - Histoire du journal en France.djvu/103

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« Vive le Roi ! Sa santé est rétablie ; j’en suis bien content. Il va suivre sans doute l’ordonnance du Père Duchesne, et la rôtie finira de lui donner bonne mine et vigueur. Au f…ard l’émétique, la rhubarbe et le séné. Il faut des forces pour porter une couronne, et le bon vin vaut mieux que toutes les drogues de Cadet l’apothicaire. Si j’avais un estomac royal, je n’y f…rais jamais d’autre drogue que du Bourgogne. Mon médecin, c’est mon marchand de vin ; aussi, f… ! jamais je ne suis malade.

» Il y a pourtant une autre recette pour les rois. Pour que leur corps et leur esprit se portent bien, il faut qu’ils sachent avoir un caractère : car, si malheureusement ils sont des girouettes à tout vent ; s’ils écoutent les vieux renards qui sont intéressés àles tromper ; s’ils écoutent les commères de la cour, qui s’entendent mieux en chiffons qu’en politique ; s’ils ne consultent pas l’intérêt du peuple avant tout ; s’ils n’écoutent que les cajoleries de ces singes grimaciers qui les pincent en les caressant…, ils sont toujours indécis, inquiets, tourmentés, chagrinés, malheureux ; la bile et les soucis les rongent ; ils sont plus à plaindre qu’un faiseur de fourneaux, qui se f… du qu’en dira-t-on, et qui boit sa gourde en fumant sa pipe.

» Si j’étais roi de France, f… ! je voudrais d’abord savoir tout, lire tout, le pour et le contre, et si une fois je m’étais décidé pour un parti, l’enfer et tous les diables ne me feraient pas changer. Je serais, sans doute, roi patriote ; alors je me dirais : Malgré les beaux conseils des séduisants chevaliers et des robinocrates, je suis trop raisonnable pour jouer à pair ou non une belle et bonne couronne constitutionnelle que je dois laisser à mon petit garçon… Le premier b… qui chercherait à me faire changer de sentiment, quand une fois je me serais fourré dans la tête de bonnes vérités, je le f… dehors de mon château à coups de sceptre, et défense à lui de reparaître.

» Je me dirais : Réjouis-toi, Père Duchesne, ta couronne t’appartient maintenant, et, f… ! ce ne sera pas