Aller au contenu

Page:Hatin - Histoire du journal en France.djvu/197

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

journal, la discussion des affaires publiques, le développement des principes qui servent de liens aux divers partis, l’appréciation politique des hommes, des choses et des faits, tout cela ne fut plus considéré, au point de vue du succès, que comme des éléments secondaires, dont l’importance s’effaçait devant celle des œuvres de pure imagination. La critique littéraire elle-même dut se retirer devant le nouveau-venu, consignée d’ailleurs qu’elle était à la porte du journal par le fermier de la quatrième page, qui n’autorisait, pour les articles de librairie, que la publicité qui lui rapportait, la publicité à tant la ligne.

Nous ne voudrions pas blâmer la presse d’avoir accru son domaine de ces nouvelles richesses : nous croyons qu’il est dans son rôle de ne négliger aucun moyen d’action sur les esprits ; il faut pourtant couvenir qu’il y avait bien quelque fondement dans le reproche qu’on lui adressait de changer en un trafic vulgaire ce qui était une magistrature, presque un sacerdoce ; de livrer a la spéculation la place que réclamaient la philosophie, l’histoire, les arts, la littérature, tout ce qui élève, en le charmant, l’esprit des hommes. Si l’extension donnée au roman-feuilleton propageait dans toutes les classes et dans tous les esprits un besoin de lire qui devra, en fin de compte, tourner au profit de la littérature, son effet immédiat avait été de réduire les maîtres au silence et de ruiner la librairie.

Le Journal-Encyclopédie, l’Époque, le Soleil.

Quoi qu’il en soit, le succès du Siècle et de La Presse, les 300 000 fr. garantis comme minimum par la société Duveyrier aux quatre principaux journaux, étaient bien faits pour tenter la spéculation ;