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Page:Hatin - Histoire du journal en France.djvu/209

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gramme. L’idée qui avait présidé à sa création avait son point de départ — M. de Cassagnac en convenait lui-même — dans un projet de M. de Girardin, qu’on trouve toujours le premier sur ce terrain. En 1837, le directeur de la Presse avait eu la pensée d’annexer chaque jour à son journal cinq suppléments spéciaux.

« Les journaux, disait-il alors, sont devenus un des premiers éléments de notre existence publique et sociale, de notre existence de citoyen ; mais, les intérêts du citoyen une fois satisfaits, nos droits et nos devoirs clairement définis, suffisamment indiqués, la presse périodique n’a-t-elle pas à s’occuper d’un autre ordre d’idées, d’une nouvelle série de besoins ?

» Chacun de nous n’exerce-t-il pas une profession, ou ne tient-il pas dans le monde un rang qui exige un commentaire vivant, un guide de tous les jours, une espèce de moniteur dans lequel s’enregistrent les faits, les enseignements, les doctrines, qui ne peuvent trouver place dans les colonnes des journaux politiques ?

» Ces faits, ces enseignements, ces doctrines, ont déterminé la création de feuilles spéciales : ainsi sont nés les journaux de droit, de médecine, de sciences, d’arts, d’industrie ; mais ces journaux, par la spécialité même où ils se renferment, imposent une double dépense à l’abonné, qui, s’il est médecin, doit encore souscrire à une feuille politique : car les soins de sa profession ne le détournent pas de ses devoirs et de ses intérêts de citoyen…

» Les fondateurs de la Presse universelle se sont proposé pour but de satisfaire à la fois l’homme privé et le citoyen. Pour atteindre ce but, ils publieront dans un seul cadre, mais dans un format différent, deux feuilles entièrement distinctes et cependant réunies, afin d’en mettre le prix à la portée de toutes les positions : car, depuis la révolution opérée dans la presse périodique par les journaux à 40 fr., l’adoption de ces bases économiques est devenue leur condition première d’existence.