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Page:Hatin - Histoire du journal en France.djvu/214

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frait un journal comme l’Époque se donnant au même prix que la Presse.

Mais des considérations d’un autre ordre militaient contre cette prétention de la presse à l’encyclopédie. Prétendre faire de chaque numéro d’un journal un gros livre encyclopédique, c’est monter, si l’on veut, une entreprise de librairie, mais c’est tuer du coup cette noble institution dont le but est d’agir sur l’esprit public à chaque instant et sans relâche, précisément par cette brièveté intelligente et incisive qui s’accommode aux loisirs de chacun et de chaque jour. Le journalisme ainsi défiguré n’est plus une tribune, mais une chaire de pédagogue, aux dissertations sans suite et sans fin. C’est une fabrique de traités incomplets et avortés sur toutes sortes de choses, ce n’est plus une puissance.

Ce n’est point sur la grandeur du format, sur le plus ou moins grand nombre de rubriques et de compartiments, que doivent se mesurer la valeur et l’importance d’un journal ; mais sur l’excellence, le nombre et la rapidité de ses renseignements, de ses informations, de ses correspondances ; sur la fidélité, la promptitude et l’étendue avec lesquelles il rend compte des débats législatifs et judiciaires.

Nous le croyons avec un journaliste — nous nous servons à dessein de cette expression par laquelle nous voudrions faire entendre autre chose qu’un écrivain, un publiciste — nous croyons, dis-je, avec un journaliste dont les œuvres ne permettent pas de nier la compétence, que « l’idée vraie, l’idée juste, c’est de demander :

» Aux traités, la science ;
» Aux livres, les idées ;
» Aux revues, l’étude approfondie des questions ;
» Aux recueils spéciaux, de justifier leur titre ;