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Page:Hatin - Histoire du journal en France.djvu/95

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l’instruction publique ne va que d’une aile, et qu’il existe des accapareurs d’esprit qui ne veulent pas que le peuple soit instruit, afin que les gueux continuent de porter la besace. Ses bons avis à toutes les sociétés populaires pour qu’elles donnent le grand coup de collier à l’instruction des sans-culottes, afin d’écraser une bonne fois le fanatisme et la tyrannie.

— » Le plus grand malheur de l’homme, dit-il, c’est l’ignorance, f… ; elle est la cause de presque toutes les sottises et de tous les crimes qui se commettent sur la terre. C’est elle, f…, qui a engendré tous les maux qui nous affligent ; le despotisme est son ouvrage, le fanatisme est son chef-d’œuvre : car, f…, si les hommes avaient eu le sens commun, jamais ils n’auraient été dupes des tours de gibecière des charlatans à calotte, et ils ne se seraient pas laissé lier, garrotter et museler pendant tant de siècles par des faquins qui osent s’intituler princes, rois, empereurs. Le premier qui fut prêtre fut un b… un peu plus dégoisé que les sauvages avec lesquels il vivait. Il avait remarqué que son chat se frottait le museau ou que son âne remuait l’oreille toutes les fois que le temps devait changer. Tout fier d’avoir fait cette grande découverte, il s’en servit pour tromper les autres et pour les voler, en leur disant que le Père Éternel, ou même le diable, lui soufflait dans l’oreille pour lui annoncer la pluie ou le beau temps. Comme on sait qu’il n’y a que le premier pas qui coûte, f…, l’imposteur, après avoir une fois trouvé des dupes, imagina d’autres sornettes pour embêter les sots qui l’écoutaient. Il se joignit ensuite à d’autres fourbes qui lui servirent de paillasses, et qui imaginèrent d’autres tours de force pour jeter de la poudre aux yeux. Voilà, f…, la véritable origine du métier de calotin, qui est devenu si bon pour ceux qui l’exerçaient, et si funeste pour les peuples qui se sont laissé gourer par ces bateleurs. C’est donc, f…, parce que de pauvres badauds, qui ne savaient ni A ni B, n’avaient pas examiné pourquoi les chats se grattaient, c’est parce qu’ils ne savaient pas toute la science qu’il y a dans les oreilles d’un âne,