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courtier de nouvelles, l’équivalent de courtier d’amour !

L’envie ne s’arrête pas en si beau chemin ; elle va fouiller dans les plis les plus intimes de sa vie privée, et se fait une arme de ses chagrins domestiques[1]. Une légère difformité dont il était affligé,

  1. Nous croyons devoir relever ici une omission de la Biographie universelle, qui ne fait aucune mention du second mariage de Renaudot et du divorce qui le suivit : ce sont là deux circonstances trop importantes pour qu’il soit indifférent de les omettre. Renaudot, veuf depuis plusieurs années, prit femme de nouveau en novembre 1651. Voici comment s’en exprime Loret dans sa Muse historique (IIe livre, lettre 52, du 31 décembre) :

    Je ne devais pas oublier,
    Mais dès l’autre mois publier
    (Car c’est assez plaisante chose)
    Que le sieur Gazetier en prose,
    Autrement monsieur Renaudot,
    En donnant un fort ample dot,
    Pour dissiper mélancolie,
    A pris une femme jolie,
    Qui n’est encor qu’en son printemps,
    Quoiqu’il ait plus de septante ans.
    Pour avoir si jeune compagne,
    Il faut qu’il ait mis en campagne
    Multitude de ces louis
    Par qui les yeux sont éblouis ;
    Car cette épouse, étant pourvue
    D’attraits à donner dans la vue
    Des plus beaux et des mieux peignez,
    Ne l’a pas pris pour son beau nez.

    Le second mariage de Renaudot ne fut pas heureux. Loret dit dans la trente-cinquième lettre du IIIe livre, sous la date du 8 septembre 1652 :

    Il faut dire ici quelque mot
    De Théophraste Renaudot,
    Homme d’esprit et d’importance,
    Et le grand gazetier de France,
    Qui, voulant au dieu des amours
    Sacrifier ses derniers jours,
    Ayant des ans soixante et douze
    Avait pris une jeune épouse
    Qui n’avait pas valant cent francs,
    Mais un corps, et des plus blancs,
    Contenant en plusieurs espèces,
    Quantité d’aimables richesses.
    ............