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plaidoiries, a renversé toutes les prétentions du Gazetier, et a aussi abattu son bureau, où il exerçait une juiverie horrible et mille autres infâmes métiers (14 mars). — Le Gazetier ne pouvait pas se contenir dans la médecine, qu’il n’a jamais exercée, ayant toujours tâché de faire quelqu’autre métier pour gagner sa vie, comme de maître d’école, d’écrivain, de pédant, de surveillant dans le huguenotisme, de gazetier, d’usurier, de chimiste, etc. Le métier qu’il a le moins fait est la médecine, qu’il ne saura jamais. C’est un fanfaron et un ardelio, duquel le caquet a été rabaissé par cet arrêt, que nous n’avons pas tant obtenu par notre puissance que par la justice et la bonté de notre cause, laquelle était fondée sur une police nécessaire en une si grande ville contre l’irruption de tant de barbares qui eussent ici exercé l’écorcherie, au lieu d’y faire la médecine. » (9 juin.)

« Je vous dirai, écrit-il à Spon (8 mars), qu’enfin le Gazetier, après avoir été condamné au Châtelet, l’a été aussi à la Cour, mais fort solennellement, par un arrêt d’audience publique prononcé par M. le premier président. Cinq avocats y ont été ouïs, savoir : celui du Gazetier, celui de ses enfants, celui qui a plaidé pour les médecins de Montpellier, qui étaient ici ses adhérents, celui qui plaidait pour notre faculté, et celui qui est intervenu en notre cause de la part du recteur de l’Université. Notre doyen a aussi harangué en latin, en présence du plus beau monde de Paris. Enfin M. l’avocat général Talon donna ses conclusions par un plaidoyer de trois-quarts d’heure, plein d’éloquence, de beaux passages bien triés et de bonnes raisons, et conclut que le Gazetier ni ses adhérents n’avaient nul droit de faire la médecine à Paris, de quelque université qu’ils fussent docteurs, s’ils n’étaient approuvés de notre Faculté, ou des médecins du roi ou de quelque prince du sang servant actuellement. Puis après il demanda justice à la Cour pour les usures du Gazetier et pour tant d’autres métiers dont il se mêle, qui sont défendus. La Cour, suivant ses conclusions, confirma la sentence du Châtelet, ordonna que le Gazetier cesserait toutes ses conférences et consultations charitables, tous ses prêts sur gages et vilains négoces, et même sa