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gagé à chercher un champ plus spacieux, pour être plus utile à ses lecteurs. D’ailleurs, étant comme chacun sait, destiné pour recevoir dans cet œil du monde les récits des actions et choses mémorables qui se passent par tout l’univers (office dont le temps fera reconnaître le mérite, et duquel je ferai juge la postérité, si les préoccupations du siècle et l’intérêt des particuliers de ce temps me les rendent moins équitables), il arrive souvent que les mémoires ne m’en sont rendus sinon après le temps que l’usage a prescrit à mes éphémérides, les privant de leur effet sitôt qu’elles ont passé huit ou quinze jours.




Rôle et importance de la Gazette. — Ses rédacteurs depuis Renaudot jusqu’à la Révolution.


On peut juger, par tout ce que nous avons dit, de l’importance de la Gazette dès son début. Cependant il faut avouer que, politiquement parlant, elle ne joua qu’un rôle incomplet, insignifiant. La nation, le peuple, n’y occupait qu’une place infiniment restreinte ; c’était, selon l’expression même de son fondateur, « le journal des rois et des puissances de la terre, » et il était difficile qu’il en fût autrement à une époque où le roi pouvait dire « L’État, c’est moi ! » Le corps, l’instrument, la machine était créée ; mais il lui manquait l’âme, le souffle, le ressort qui devait lui donner la vie et le mouvement ; les Watt et les Fulton de cette vapeur dont Renaudot fut le Salomon de Caux, ne devaient arriver qu’avec la Révolution française.

Quoi qu’il en soit, la Gazette Renaudot, pleine