Page:Hatin - Histoire politique et littéraire de la presse en France, tome 1.djvu/195

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

très-volumineuse. C’est à celles qui recueillent les bruits populaires, les faux rapports, qu’il appartient de l’être ; et l’on peut encore citer ici Voltaire, qui, écrivant au maréchal de Richelieu sur un livre intitulé : Des erreurs et de la vérité, dit que, s’il était bon, il devait contenir cinquante pages in-folio pour la première partie, et une demi-page pour la seconde.

Voici, au surplus, sous quel aspect M. Rémond de Sainte-Albine, qui a rédigé avec distinction pendant plus de trente ans la Gazette de France, fit envisager ce papier national lors de sa réunion au département des affaires étrangères : « L’objet de la Gazette n’est pas seulement de satisfaire la curiosité du public ; cet écrit nous sert d’annales pour la conservation des faits et de leurs dates. C’est un dépôt où la postérité doit puiser, dans tous les temps, des témoignages authentiques des événements dont se compose l’histoire, et des détails même dont elle ne se charge pas. Elle est encore utile aux citoyens, et surtout aux négociants, qui prennent des mesures pour leurs affaires de commerce suivant les avis qu’ils reçoivent des événements publics et particuliers. Il est donc très-important de ne donner que des nouvelles vraies. »

Cette importance, on doit en convenir, devient encore plus grande sous le règne de la liberté, parce que chaque citoyen a un intérêt plus pressant d’être au courant des affaires publiques. Il est aussi très essentiel que les corps administratifs soient fidèlement instruits les uns par les autres, dans un papier commun à tous, et où les nouvelles des pays étrangers sont en outre consignées, de tout ce qui se passe de réel tant au dedans qu’au dehors du Royaume ; sans quoi, dans une infinité de circonstances, ils manqueraient de lumière pour se conduire, ou s’égareraient en en suivant de fausses.

On ne craint pas de dire que le défaut de guides sûrs dans l’immense quantité de papiers-nouvelles que la Révolution a fait naître est ce qui a perpétué les troubles, et qu’aujourd’hui le vœu général des Français, d’accord avec celui que ne cesse de former le cœur du meilleur des rois, appelant avec instance le retour du calme, ils doivent, pour l’obtenir, agir dans un sens