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histoire d’une opinion, ou plutôt, à cette époque, d’une maladie opiniâtre, étroite, fanatique, et comme d’un nerf convulsif de l’esprit humain, les Mémoires de Trévoux, dans les portions qui confinent le plus au dix-septième siècle, offrent un fonds mélangé d’instruction et de goût, le vrai monument de la littérature des jésuites en français et qui, ainsi qu’il sied à ce corps obéissant et dévoué à un seul esprit, n’a porté à la renommée le nom singulier d’aucun membre[1].

« Il serait fastidieux d’énumérer, et moi-même je n’ai jamais traversé ces pays qu’en courant ; mais un jour il m’est arrivé, aux champs, dans la bibliothèque d’un agréable manoir, de rencontrer et de pouvoir dépouiller, à loisir, plusieurs années de cette considérable et excellente collection intitulé l’Esprit des Journaux, laquelle, commencée à Liége en 1772, s’est poursuivie jusque vers 1813. Je ne revenais pas de tout ce que j’y surprenais, à chaque pas, d’intéressant, d’imprévu, de neuf et de vieux à la fois, d’inventé par nous-mêmes hier. Cet Esprit des Journaux était une espèce de journal (disons-le sans injure) voleur et compilateur, qui prenait leurs bons articles aux divers journaux français, qui en traduisait à son tour des journaux anglais et allemands, et qui en donnait aussi quel-

  1. Je suis tenté vainement de citer le nom de Tournemine comme se rattachant le plus en tête à la rédaction des Mémoires de Trévoux : Tournemine a-t-il obtenu ou gardé quelque chose qui ressemble à la gloire ?