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courant, allumer un feu dont le succez répondit des mieux à la beauté du dessein. Après que la Renommée, qui estoit élevée sur un pied d’estal, eut fait sonner trois fois un cor chargé de pétards, qu’elle avait en sa main, une colombe partit d’un autre costé toute en feu, qui, tenant à son bec un rameau d’olive, vint allumer l’artifice. En mesme temps on ouït un grand bruit de bombes et de pétards, et l’air se couvrit d’une épaisse fumée, à laquelle succéda une grande clarté, qui découvrit un rocher fort élevé vomissant des flames de toutes parts, au sommet duquel paroissoit la Paix, avec une corne d’abondance en l’une de ses mains, et s’appüyoit de l’autre sur un dauphin, ayant à ses pieds les vertus cardinales, qui jettoyent quantité de fusées, comme elle en épanchoit un grand nombre, qui alloyent semer en l’air une infinité d’étoiles : tellement que cette machine parut des plus industrieusement inventées. »

Si l’on considère que la lettre est du 26, qu’elle annonce un mémoire envoyé pour la Gazette il y a huit jours, c’est-à-dire le 18, et que la Gazette donne précisément, dans une relation datée d’Uzès, les détails d’un feu d’artifice tiré le 18 en réjouissance de la naissance du Dauphin, fils de Louis XIV, on ne doutera pas que l’article que l’on vient de lire ne soit le petit mémoire dont il est question dans la lettre. Ainsi Racine, qui avait été l’un des poëtes de l’hymen dans son ode la Nymphe de la Seine, fut aussi l’un des chroniqueurs de la naissance.


Après la Gazette de France, qui compte aujourd’hui 227 années d’existence non interrompue, le