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de l’esprit, de la verve, parfois même du bon sens, et ce caractère est surtout frappant dans les Mazarinades de 1649, qui offrent quatre pièces bouffonnes pour une sérieuse. Scarron et les poètes burlesques ses rivaux étaient devenus les vrais publicistes du parti. L’accent italien de Mazarin est, pour ces premiers pamphlétaires, un texte plus fécond que la misère du peuple ; on se moque du ministre plus encore qu’on ne le maudit ; sans compter que bon nombre de libellistes se moquent à peu près impartialement de tout le monde. La Fronde, il faut bien le dire, n’avait pas la foi ; elle n’était pas très-convaincue de la justice de sa cause, et elle croyait peu à son succès. De là vint qu’elle ne sut ni négocier ni combattre ; de là vint aussi qu’elle fut, dans l’esprit de ses contemporains, justiciable du burlesque. Toutes les agitations, les tumultes, ne suffisaient pas pour cacher aux yeux les moins ouverts l’impuissance des partis, et les haines contre Mazarin, si vives qu’elles fussent, ne faisaient pas illusion sur le désintéressement des princes et des seigneurs. Le peuple lui-même ne s’y trompait guère, et il trouvait bon qu’on l’amusât aux dépens des généraux qui lui « ferraient la mule, » des soldats citoyens qui « ne passaient pas Juvisy, » et aussi un peu du Parlement, où il voyait assis sur les fleurs de lys tant d’enfants de la maltôte.