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France ; le titre de gazetier n’était pas plus en honneur dans un pays que dans l’autre, et c’est une chose étrange que cette répulsion de l’opinion publique venant s’ajouter aux persécutions du pouvoir contre une institution si éminemment utile aux intérêts des masses. Ce qui est certain, c’est que les esprits eurent quelque peine à s’habituer à l’idée qu’on pût faire commerce public de nouvelles ; une gazette imprimée était une nouveauté si surprenante, et qui faisait tant de bruit, que Ben Jonson crut voir là un excellent sujet de comédie. Il fit jouer, en 1625, l’Approvisionnement de Nouvelles, dans lequel il ridiculise l’entreprise des Weekly News, et leur rédacteur Butter, qu’il appelle maître Cymbal, mais dont le vrai nom, qui signifie beurre en anglais, revient à chaque instant dans la pièce sous forme de calembour. Ben Jonson lui donne pour collaborateurs réguliers quatre coureurs de nouvelles ou émissaires, chargés de recueillir tout ce qui se dit à la cour, au cloître de Saint-Paul, rendez-vous des badauds de Londres, à la Bourse, et à Westminster, où siégeaient les tribunaux. Ben Jonson ajoute à ces quatre nouvellistes un mauvais poète, un docteur en médecine, et, comme rédacteur irrégulier, Lèche-ses-Doigts, cuisinier-poète, qui consacre ses loisirs à faire des devises et autres vers de confiseur. Le personnel administratif se compose de maître Cymbal, d’un secrétaire