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geuse que beaucoup de grands raisonnements. Et l’on remarquera qu’il était alors indépendant du cardinal : ce n’est que vers 1655 qu’il compta parmi ses nombreux pensionnaires.


On était en pleine Fronde quand Loret commença à écrire, et la mobilité des hommes et des choses se reflète dans ses vers, qui, s’ils n’ont point conservé jusqu’à nos jours la grâce de la nouveauté, comme le leur promettait un contemporain, sont encore lus avec plaisir. Citons quelques traits :


Lyris ne sait quel parti prendre,
Tant il a peur de se méprendre.
Madame la Fronde et la Cour
Attirent son cœur tour à tour.
Aujourd’hui l’une le possède ;
Une heure après l’autre l’obsède ;
Il est entre deux suspendu,
Et, n’étant gagné ni perdu,
Il dit à l’une : Allez au peautre !
Puis il en dit autant à l’autre.
À l’une il dit : Je suis à vous ;
À l’autre il dit : Unissons-nous.
On lui fait harangue : il écoute,
Il conteste, il balance, il doute,
Il voit le mal, il voit le bien ;
Mais enfin il ne résout rien.
Quelques partisans de Corinthe,
Qui pour la Cour sont pleins d’absinthe,
Et tout plein de petits frondeurs,
Jusque même à des ravaudeurs,
Avec une ardeur sans seconde