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À cette même époque de 1663, où Loret jette un coup-d’œil sur le chemin parcouru par sa Muse, il énumère ce qu’il a déjà composé de vers pour sa princesse, et il arrive au chiffre de trois cent mille,


Qui sont, à dire vérité,
Une étonnante quantité.


Dans des conditions pareilles de composition abondante, rapide, livrée à heure fixe, sans discontinuation pendant quinze années, Loret a droit assurément à l’indulgence.

« La manière de notre auteur est toute naturelle et sans affectation aucune ; il ne cherche point de mots ampoulés pour étonner ; il ne fait point de digressions inutiles, et suit son sujet agréablement et naïvement. » Cette simplicité, il faut l’avouer, est quelquefois poussée jusqu’à la négligence. Les chevilles, les parenthèses hors de propos, les redites, ne l’effraient pas ; quand la rime lui manque, il l’avoue bonnement ; quand il la trouve mal, il s’en excuse, ou bien il la prend sans mieux choisir. Il convient lui-même presque à chaque page du peu de préméditation qu’il apportait dans son travail :


Quand je commence chaque lettre,
Je ne sais ce que j’y dois mettre ;
Dans l’humeur qui vient m’agiter,
J’écris sans rien préméditer.