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pressé, mais qu’il varie avec un artifice qui excitait, comme nous l’avons vu, l’étonnement des contemporains, et que son éditeur fait justement remarquer : « Qui n’admirerait son artifice à faire toujours de nouveaux préfaces à sa princesse, depuis tant d’années qu’il lui adresse son ouvrage sans discontinuation ? C’est ce qui fait estimer son travail, avec ses autres beautés particulières. » C’est là que notre rimeur parle plus particulièrement de sa bienfaitrice et de lui-même, qu’il expose ses besoins, qu’il adresse ses remerciements, qu’il dit s’il est en bonne ou mauvaise santé, qu’il fait ses plaintes contre ses concurrents, qu’il converse enfin avec son public. On a de nombreux exemples de ces préambules dans les citations que nous avons faites ; citons encore :


Princesse, encore que mes vers,
Courant dans des climats divers,
Ayent maintenant quelque vogue,
Je n’en suis pas pourtant plus rogue ;
J’écris toujours timidement,
Et je confesse ingénument
Que la plupart de mes ouvrages
Sont cent fois plus heureux que sages,
Car, n’ayant rien du tout d’acquis,
Comme en tel cas serait requis,
N’ayant appris, en conscience,
Art, discipline ni science,
Et jouant tant que le jour luit,
Et bien souvent toute la nuit,