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éclat, et, comme il passe en moins d’une heure, vous auriez été bientôt exempte de penser à celui qui vous l’avait donné. Ce n’est pas que vos yeux ne soient plus brillants que ces pierreries, et que leur feu n’en soit plus aimable et plus précieux ; mais je suis assuré du moins que le temps ne les saurait détruire, et que, si votre cœur en a la dureté, le mien a autant de constance…

Mi coraçon va con il ramillete.
Agréez que mon cœur s’attache à ce bouquet.


Dans sa réponse, Célidie ne montre plus qu’une Fierté radoucie.


Comme, au jour de ma fête, je reçois indifféremment tous les bouquets qu’on me donne, je ne pouvais pas honnêtement refuser le vôtre, qui vaut infiniment plus que tous ceux qui m’ont été présentés. Bien qu’il soit de haut prix, je vous avoue qu’il est, à mon gré, plus considérable par la bonne volonté de celui qui me l’envoie, que par sa propre valeur…

Il ramillete, no mas.
Je trouve que c’est trop seulement du bouquet.


Elle ne le garde pas moins, et à la 4e lettre elle est arrivée à la Civilité ; à la 5e, elle en est à l’Estime.

Ainsi embarqués dans l’esquif du sentiment, nos amants naviguent pendant plusieurs années sur le fleuve du Tendre, et cette longue navigation est marquée par toutes les péripéties que comportait alors un pareil voyage, jusqu’à ce qu’enfin ils arrivèrent au port heureux de l’Union. Il nous suffira, pour achever d’en donner une idée, de citer encore le titre de quelques lettres.