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vous laissant la liberté d’en juger. Vous ne pouvez raisonnablement blâmer dans l’auteur du Mercure galant que ce qui est de lui, et si vous vous attachez à ce qui est de lui, vous trouverez un style pur et aisé, beaucoup de diversité, et assez d’art pour vous obliger vous-même, qui blâmez son livre, à le lire dès qu’il paraît. En un mot le Mercure galant est un livre que l’auteur ne donne qu’à la curiosité du public. Ce livre est bon pour tous ceux qui trouvent à y contenter leur curiosité, et il y a peu de gens pour qui il ne soit bon, puisqu’il y a peu de gens qui n’y trouvent quelque chose ou qu’ils ne savaient pas ou qu’ils ne savaient qu’à demi. »

Camusat, ou plutôt son éditeur, à qui appartient la notice sur le Mercure, s’ingénie à répondre point pour point aux reproches adressés au journal de de Visé. Nous ferons grâce à nos lecteurs de cette phraséologie surannée ; ce que nous avons voulu montrer, c’est le bruit qui se fit autour du Mercure dès ses premières années. Rien ne devait manquer à sa vogue : Boursault en fit le sujet d’une comédie, qui eut un grand succès. Il lui avait donné pour titre le nom même du bruyant recueil ; mais de Visé s’opposa à ce qu’elle fût jouée sous ce nom. Boursault ne vit rien de mieux alors que de l’appeler la Comédie sans titre. Dans cette pièce, du reste, Boursault n’attaque point, comme l’avait fait Gacon,