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À qui, de compte fait, le débit de ses livres
Rapporte tous les ans plus de dix mille livres.


Le Mercure entrait probablement pour la plus forte part dans ce chiffre de bénéfices. Il était exploité par le libraire Blageart, qui payait de Visé à raison de tant par numéro, et ils y trouvaient l’un et l’autre leur compte, si l’on en croit le libraire Boniface qui, s’adressant à de Visé, lui parle ainsi de son éditeur :


Il doit être content d’avoir votre pratique :
On ne déserte point son heureuse boutique ;
Du matin jusqu’au soir il ne voit qu’acheteurs.
Vous n’êtes point maudit comme certains auteurs,
Qui feraient beaucoup mieux de ne jamais rien faire
Que de mettre à l’aumône un malheureux libraire.


Et le bénéfice eût été bien plus considérable encore sans les nombreuses contrefaçons qui se faisaient du Mercure, en France et à l’étranger.

De Visé recevait, en outre, de fréquents bienfaits de la Cour, en retour des louanges qu’il prodiguait à Louis XIV. Avec le titre d’historiographe du roi, il avait obtenu une pension de cinq cents écus et un logement au Louvre, et, si désintéressé qu’il fût, on peut supposer que, dispensant comme il le faisait la célébrité, il dut recevoir d’autres libéralités que celles de la Cour. Votre plume, lui dit un solliciteur,


Votre plume aujourd’hui, par son invention,
Met ce que bon lui semble en réputation ;