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Le roi, qui avait toujours aimé Dufresny, lui fit accorder aussitôt le privilége qu’il sollicitait ; il prit donc la rédaction du Mercure au mois de juin 1710, et la continua jusqu’à la fin de 1713.

« Dufresny, dit la notice déjà citée, consola bien vite le public de la perte qu’il avait faite en la personne d’un homme qui depuis tant d’années employait ses soins à lui apprendre tout ce qui se passait de plus curieux. Le style agréable et léger de l’ingénieux auteur des Amusements sérieux et comiques, l’enjouement dont il savait accompagner tout ce qui sortait de ses mains, la vivacité de son génie, tout cela charma la cour et la ville, et fit oublier de Visé, que sa première réputation avait pourtant soutenu, malgré les censeurs, jusqu’à la fin de sa course. Grâce aussi au goût de la nation pour la variété, le changement d’auteur fit recevoir avidement le nouveau Mercure. « Ajoutons que cette faveur était méritée. Inférieur à de Visé pour le style, Dufresny sut mieux choisir les pièces qu’il faisait entrer dans son recueil ; il est vrai qu’il avait pour cela des procédés fort commodes, prenant volontiers son bien partout où il le trouvait ; ce qui lui attira cette algarade de Rousseau : « Je fus averti que ce galant homme se donnait la liberté d’imprimer pièce à pièce mes ouvrages, habillés à sa mode et au goût des honnêtes gens à qui il voulait faire plaisir. Je lui écrivis sur cela, aussi civi-