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son livre Examen : c’est un essaim et un amas d’injures, qu’il entasse sans aucun respect du nom majestueux de la Reine, qu’il met aussi en tête. Mais, s’il a envie d’être cru, chacun le peut voir par son commencement, qui est tel : Le Maître des Gazettes (il ne faut pas salir le papier de son nom, qui sera odieux et exécrable à la postérité) a débité, ces jours passés, une requête non moins insolente que téméraire qu’il a présentée à la Reine.

Renaudot est attaqué dans ce libelle comme médecin, comme maître des Bureaux d’adresse et commissaire des pauvres, et comme gazetier. Laissant de côté les premiers chefs, sur lesquels, d’ailleurs, nous aurons occasion de revenir, je me bornerai à relever ici les inculpations, pour ne pas dire les outrages, dirigées contre le rédacteur de la Gazette et contre la Gazette elle-même.

Il ne se contente pas — c’est toujours l’auteur de la Réponse qui parle — d’appeler celui qu’il calomnie avec tant de passion méchant et détestable prévaricateur, qui tient la place d’un homme de bien, qui emploie le meilleur de son temps et de son âge à composer des mensonges et des impostures, de le qualifier menteur à gages ; mais, se déclarant ennemi juré de la réputation des armes du Roi, il a eu assez d’impudence pour avoir fait imprimer et publier que toujours les Gazettes multiplient nos victoires, taisent ou dissimulent nos pertes, mettent nos armes en réputation parmi les étrangers, grossissent nos armées de troupes imaginaires, exténuent les forces de nos ennemis, rendent nos royaumes florissants en toutes sortes de biens, et ceux de nos ennemis pauvres et nécessiteux, mettent la tranquillité chez nous et la discorde avec le désordre chez eux : termes qu’il a copiés mot à mot d’un poëme latin imprimé à Anvers il y a huit ans, intitulé Gazeta parisiensis, auquel ledit sieur Renaudot répartit en même temps par un autre poëme, qui a pour titre Gazeta antuerpiensis, auquel je