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INTRODUCTION

trace après 1639. D’ailleurs, cette petite feuille, qui ne donnait pas en une année autant de matière qu’en contient un seul numéro du Times, se bornait à enregistrer à la file, pêle-mêle, sans aucune réflexion, les événements importants ou singuliers arrivés sur le continent ; elle ne se hasardait qu’avec une extrême timidité à parler des affaires de l’intérieur, ou plutôt elle s’en gardait comme d’un délit qui aurait attiré sur elle les foudres de la Chambre étoilée, ce redoutable tribunal qui fit aux pamphlétaires une guerre si acharnée, si cruelle. Et il est à remarquer que bien longtemps après encore les journaux anglais durent s’astreindre à la même réserve, de peur d’éveiller la sévérité du Parlement, qui, devenu tout-puissant à son tour, ne se montra pas moins jaloux que la Chambre étoilée de l’influence considérable que la presse périodique avait acquise ; ils ne se permettaient non plus que bien rarement de citer des noms propres, car il était arrivé plus d’une fois que de grands personnages avaient fait assommer des écrivains pour avoir parlé d’eux dans les gazettes. Revenant aux Weekly News, nous ne faisons aucune difficulté d’avouer que leur publication constitua un véritable progrès dans l’histoire de la presse ; mais ce n’était pas encore un journal dans toute l’étendue de la signification actuelle de ce mot.