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Page:Hatin - Histoire politique et littéraire de la presse en France, tome 2.djvu/12

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où les amusements soient plus nombreux, où les modes s’établissent plus despotiquement et passent plus vite, enfin où paraisse davantage le caractère d’une nation que toutes les autres veulent imiter. Une ville faite de cette sorte mérite une place considérable dans l’histoire ; il ne s’y passe rien d’indifférent, parce que les traits les plus simples peuvent servir à faire connaître la nation… Une nation telle que la française a plus besoin qu’aucune autre d’une histoire journalière. Ses usages sont peu constants, ses goûts ne sont pas longtemps les mêmes, ses modes changent souvent ; elle est méconnaissable à elle-même au bout de quelques années : les habits de nos pères nous paraissent des déguisements ; les mœurs des comédies de Molière ne sont déjà plus les nôtres ; les œuvres d’un grand poète mort depuis peu viennent de paraître avec un commentaire pour expliquer les choses de son temps. Voilà ce qui a fait concevoir le dessein de donner tous les trois mois une espèce de relation de Paris où l’on recueillera, autant qu’il sera possible, tout ce qui ne se trouve point dans les ouvrages périodiques qui font mention de ce qui s’y fait…

Saint-Gelais « pour donner des choses une connaissance plus étendue se proposait d’en parler moins en journaliste qu’en historien. » Il procède, en effet, d’une façon encore aujourd’hui fort usitée dans certains journaux. Ainsi, à propos de la rentrée des Académies, il raconte l’origine de ces sociétés et l’établissement de chacune des nôtres ; à propos de la visite du Czar aux Gobelins, il retrace l’histoire de cet établissement et, « comme la différence qu’il y a entre la tapisserie de haute-lisse et celle de basse-lisse est assez ignorée, ainsi que la manière dont l’une et l’autre se travaillent, il