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Page:Hatin - Histoire politique et littéraire de la presse en France, tome 2.djvu/170

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vants était frappé pour avoir défendu nos libertés ; on l’eût peut-être blâmé s’il ne l’eût pas fait. « Tel fut, dit Camusat, le résultat des démêlés politiques où l’amour de M. de Sallo pour nos maximes l’engagea insensiblement, et plus loin qu’il n’aurait été à souhaiter pour le journal. Il est certain que, si, au lieu d’employer les voies de fait, on eût seulement permis à ses antagonistes de le réfuter, il serait demeuré maître du champ de bataille ; mais ce n’était pas ce qu’on prétendait, et ce fut plus tôt fait de lui imposer silence : on n’a point encore trouvé de réponse à cet argument. » Colbert lui-même, qui aimait et protégeait le journal et son auteur, n’osa pas s’opposer à cet acte d’autorité.

Sallo, comme il est facile de le penser, fut très-affecté du coup qui le frappait si injustement ; il avait porté toute son affection sur son journal ; toutes ses pensées, tous ses efforts, tendaient à le perfectionner, quand il fut arrêté ainsi presqu’à son début : l’interdit dont on le frappait, si honorable qu’en fût la cause, ne pouvait donc que lui être très-sensible. Il fit quelques tentatives pour obtenir un nouveau privilége, et il y serait probablement parvenu s’il eût voulu se soumettre à de certaines conditions ; mais son amour pour la vérité, et une grandeur d’âme qui ne lui permettait pas de plier la tête sous le joug des inquisiteurs, auxquels on voulait le renvoyer, l’empêchèrent de se soumettre