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Page:Hatin - Histoire politique et littéraire de la presse en France, tome 2.djvu/173

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aisé, propre à attacher les lecteurs les plus indolents et à persuader les plus indociles. J’ajoute que, si un journaliste ne veut pas tomber à chaque instant dans des bévues ridicules, ou dans des inconvénients encore plus à craindre, il doit être consommé dans l’histoire littéraire, et surtout dans l’histoire littéraire de son siècle, science, dit Fontenelle, presque séparée des autres, quoiqu’elle en résulte, et produite par une curiosité vive, qui ne néglige aucune partie de son objet. Mais c’est peu que toutes ces qualités de l’esprit se rencontrent dans un même homme, si elles n’y sont accompagnées de celles du cœur, c’est-à-dire d’une probité exacte, qui ne lui permette pas d’en imposer, et qui lui fasse rendre justice à ses ennemis particuliers, s’il a le malheur d’en avoir, et à ceux que de petites préventions de parti pourraient lui faire regarder sur ce pied-là. On sent bien qu’un pareil homme est plus difficile à trouver qu’à peindre. J’ai pourtant fait, sans y penser, le portrait de M. l’abbé Gallois, au moins à très-peu de choses près : car, quelque parfait que l’on soit, on tient toujours par quelque bout à l’humanité. »

Ce portrait du journaliste, qui date de cent cinquante ans, presque de l’origine du journal, m’a semblé mériter d’être conservé ; il montre quelle haute opinion l’on se faisait alors du métier de critique, qui semble aujourd’hui si facile.