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Page:Hatin - Histoire politique et littéraire de la presse en France, tome 2.djvu/20

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haut ni loin. On le croyait si bien que mille souscripteurs à peine s’étaient fait inscrire à l’avance.

Cependant, malgré toutes les clameurs et les oppositions, le Journal de Paris parut au jour fixé par le prospectus, le 1er janvier 1777 ; mais ce premier numéro ne répondait que bien imparfaitement aux espérances qu’avaient fait naître les belles promesses de ses fondateurs. Un bulletin astronomique et météorologique, un article sur l’Almanach des Muses, une annonce de librairie, trois ou quatre faits administratifs et judiciaires, deux événements, un bon mot et l’annonce des spectacles, font les frais de ce numéro, avec l’extrait suivant d’une lettre de Voltaire, datée de Ferney, le 22 décembre 1776 :


Le plan de votre journal, écrivait le patriarche aux rédacteurs de la nouvelle feuille, me paraît aussi sage que curieux et intéressant. Mon grand âge et les maladies dont je suis accablé ne me laissent pas l’espérance de pouvoir produire quelque ouvrage qui mérite d’être annoncé par vous. Si j’avais une prière à vous faire, ce serait de détromper le public sur tous les petits écrits qu’on m’impute continuellement. Il est parvenu dans ma retraite des volumes entiers imprimés sous mon nom dans lesquels il n’y a pas une ligne que je voulusse avoir composée. Je vous supplierais aussi de vouloir bien, par un mot d’avertissement, me délivrer de la foule de lettres anonymes qu’on m’adresse : je suis obligé de renvoyer toutes les lettres dont les cachets me sont inconnus… Je ne doute pas que votre journal n’ait beaucoup de succès ; je me compte déjà au nombre de vos souscripteurs[1].

  1. On lit, au sujet de cette lettre, dans la Correspondance secrète : « Les ré-