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Page:Hatin - Histoire politique et littéraire de la presse en France, tome 2.djvu/23

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exigeant un abonnement plus considérable. Enfin, la jalousie en vint à ses fins avant qu’un mois se fût écoulé. Le 23 janvier, le Journal de Paris ne parut pas ; le bruit se répandit bien vite qu’il était suspendu, et cette nouvelle causa un grand mouvement dans la capitale, car, si peu intéressante que fût la nouvelle feuille, elle comptait déjà un grand nombre de souscripteurs ; les gens les plus distingués de la cour voulaient l’avoir : la reine, la famille royale, les princes, la lisaient, même madame Élisabeth. Malgré cette curiosité générale et ces hautes sympathies, on en était à craindre qu’elle ne pût reparaître, tant il y avait de gens ameutés contre elle. Ce n’étaient plus seulement les journaux rivaux ; c’était encore l’avocat général Séguier, qui ne voulait pas qu’on y parlât de lui, et conséquemment des affaires du Palais ; c’était le clergé, qui se récriait contre une histoire d’abbé qu’on y avait insérée ; c’était un officier aux gardes, un M. de la Roirie, qui jetait feu et flamme pour une anecdote rapportée sur son compte. Enfin, c’était une rumeur générale. Le journal, cependant, fut assez heureux pour triompher de toutes ces clameurs, et reparut après quelques jours.

Mais quels avaient été les motifs de cette suspension ? Les rédacteurs, en reprenant la parole, se bornèrent à dire — cela se comprend — « qu’ils ne pouvaient que les respecter, ces motifs, et leur rendre tout l’hommage qu’ils méritaient. »