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Page:Hatin - Histoire politique et littéraire de la presse en France, tome 2.djvu/285

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On reconnaît que les auteurs lisent les ouvrages avec réflexion, qu’ils ont de la capacité, et que leurs jugements sont exacts et sans partialité. Mais, sous prétexte de donner des analyses, ils sont un peu trop copistes, défaut qui leur est commun avec la plupart des faiseurs de journaux. Je n’aime pas non plus le grand nombre de réflexions morales : qu’un journaliste entre dans des détails d’histoire littéraire, on le lui pardonne aisément, surtout quand ils sont peu connus ; mais qu’entraîné par la passion de faire le bel esprit, il m’accable de moralités, en vérité rien n’est plus incommode ; outre qu’on interrompt le fil de la narration, on blesse encore l’amour-propre des lecteurs : il semble qu’on ne les croie pas capables de tirer de justes inductions de certains faits historiques. Les personnes désintéressées applaudiront encore moins au zèle des journalistes pour le protestantisme, zèle qui leur fait adopter quelquefois des calomnies atroces : ce n’est pas dans un journal qu’on doit prêcher la controverse. » Ce dernier reproche ne doit point s’adresser aux premiers rédacteurs du journal, qui ne se sont point départis de la modération à laquelle ils s’étaient engagés, non plus qu’à ceux qui y ont travaillé depuis 1733, qui avaient eu soin de dire : « Nous nous attacherons peu aux controverses de religion, à moins qu’elles ne soient intéressantes par des accessoires qui les rattachent à l’histoire